LES DIPLOMATES TÉMOINS DE LA PERSÉCUTION DES JUIFS 

Dans les années 1930, le poste d’ambassadeur à Berlin est prestigieux, la vie mondaine intense et brillante : thés, dîners, réceptions, grands bals. Certaines femmes, comme Elisabetta Cerruti, épouse de l’ambassadeur d’Italie, y jouent un rôle de premier plan.

Rumeurs et potins circulent largement, et les ambassadeurs rivalisent pour accéder aux dignitaires nazis et obtenir des informations de première main. Dans cet exercice où la fortune personnelle et l’entregent sont déterminants, le choix des hommes est difficile du fait des grands défis posés par le nouveau régime et des enjeux, dont la préservation de la paix en Europe.

Il fallait des diplomates germanophones et aguerris face à une idéologie susceptible d’indigner, mais aussi de fasciner.

 

DÉCOUVRIR LA PREMIÈRE PARTIE 

 

Photo : Des Juifs se pressent devant le consulat de Pologne pour obtenir des visas d’émigration.
Vienne, Autriche, mars 1938.
© CDJC / Yad Vashem / DOW.

LES DIPLOMATES ET LA SHOAH : ENTRE PROTECTION, INDIFFÉRENCE ET COLLABORATION (FIN 1941-1945)

Au cours du conflit mondial, les belligérants rompent les relations diplomatiques et ferment leurs légations.

Ne restent en poste dans l’Europe occupée par le Reich que les diplomates des Neutres traditionnels (Suisse, Vatican, Suède, Espagne, Portugal, États-Unis ̶ jusqu’en décembre 1941) ou « nouveaux » (France de Vichy) et des pays alliés (Italie, Roumanie, Bulgarie, Hongrie).

Les diplomates de ces États sont amenés alors, soit à abandonner leurs ressortissants juifs aux lois antisémites, soit au contraire à les protéger au nom de la souveraineté de leur pays. Tel fut le cas en Roumanie, par exemple, où le ministre plénipotentiaire défend les Juifs français et leurs entreprises contre l’aryanisation.

Par ailleurs, ils relaient parfois des informations sur la Shoah en cours, et tentent éventuellement de contrecarrer les persécutions, tandis que d’autres font profil bas, restent indifférents, ou s’accommodent de l’extermination.

 

Découvrir la deuxième partie 

 

Photo : Départ de Juifs pour le ghetto
Budapest, Hongrie, novembre 1944.

© Mémorial de la Shoah

RUPTURES ET CONTINUITES: UNE APRES-GUERRE HEURTÉE 

Le rôle des diplomates dans la Shoah a été discuté dès 1945, y compris par l’accusation dans les différents procès qui se tinrent à Nuremberg à partir de 1946.

Des trente copies du protocole de la Conférence de Wannsee, c’est celle du ministère des Affaires étrangères – celle de Martin Luther – qui fut retrouvée. D’autres procès de diplomates allemands eurent lieu jusque dans les années 1970, mais les condamnations furent légères. En France aussi, l’attitude des fonctionnaires du ministère des Affaires étrangères face à la « question juive » fut examinée par une commission d’épuration. Sur le plan commémoratif, de grandes figures de diplomates célébrées, oubliées et redécouvertes ont reçu le titre de « Juste parmi les nations » de Yad Vashem, le mémorial de la Shoah créé à Jérusalem en 1957 : Wallenberg, Sousa Mendes, Sugihara…

Autant de références mémorielles devenues centrales dans l’histoire de la Shoah.

 

Découvrir la troisième partie 

 

Photo : Signature de l’accord de Luxembourg conclu entre la RFA, Israël et la Conférence sur les revendications matérielles juives contre l’Allemagne. Luxembourg, Luxembourg, 10 septembre 1952.

© USHMM / Courtesy of Benjamin Ferencz