Nous vous proposons ici de découvrir des ressources (interviews, publications, etc.) autour du thème de l’exposition « Les diplomates face à la Shoah « .

 

Catalogue de l’exposition Les diplomates face à la Shoah

 

 

Auteur : Mémorial de la Shoah 

88 pages

Prix de vente : 22  euros

En vente à la librairie du Mémorial de la Shoah

 

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4 QUESTIONS AUX COMMISSAIRES

De quelles manières les diplomates des différents pays impliqués ont-ils réagi face à la montée en puissance du nazisme et de ses persécutions ?

L’ambassadeur fait partie du « monde » des relations internationales. Au sommet de la hiérarchie, il appartient, le plus souvent encore au début de la Seconde Guerre mondiale, à une aristocratie sociale. Il fréquente les salons, rencontre ses homologues qui représentent d’autres États, recueille à l’occasion des impressions et des réactions, diffuse des « éléments de langage » qui font partie de la politique étrangère de l’État qu’ils représente. Il appartient à un monde relativement fermé, avec ses codes, ses grandeurs et ses petitesses.

Les réactions des diplomates face à la montée du nazisme, de ses discriminations puis de ses persécutions ont été très divergentes : elles ont tout d’abord reflété les politiques des chancelleries dont ils n’étaient que les représentants : ils ont appliqué les politiques qui leur étaient dictées. Mais cela ne les a pas empêchés d’exprimer, dans leurs dépêches et rapports, leur sensibilité propre, pour beaucoup un mélange de fascination et de répulsion, un fort désagrément en tout cas. Beaucoup ont tenté aussi de tirer la sonnette d’alarme, d’alerter sur la nature inédite du régime nazi, sur les risques d’embrasement de l’Europe et aussi sur le sort des Juifs.

Quel fut plus spécifiquement le rôle des diplomates durant la Seconde Guerre mondiale ?

Un diplomate en poste à Berlin en 1939 ne peut pas ignorer ce qu’est le nazisme. La plupart des diplomates en poste en Europe pendant la guerre n’ont rien fait de parti- culier concernant la « question juive ». En fonction de la situation de leur pays dans le conflit (alliance avec l’Axe ou neutralité), ils ont cherché à défendre les intérêts et la position de l’État qu’ils représentaient face à la politique expansionniste nazie, ou joué le jeu de la collaboration, ou encore tenté de préserver leur situation professionnelle.

Certains d’entre eux, peu nombreux, ont utilisé les marges de manœuvre qui leur étaient accordées pour aider des Juifs, particulièrement en refusant de les inscrire comme tels ou en leur procurant des visas malgré les restrictions drastiques prescrites pour leur délivrance. D’autres s’engagèrent plus avant, comme l’ambassadeur de France à Bucarest, Jacques Truelle. Et bien sûr, certains diplomates ont sauvé des Juifs, risquant leur carrière, dont quelques grandes figures reconnues et commémorées : Aristides de Sousa Mendes, consul du Portugal à Bordeaux, Chiune Sugihara, consul du Japon à Kaunas en Lituanie, et naturellement Raoul Wallenberg, ce Suédois qui a sauvé des milliers de personnes à Budapest.

Mais cette exposition s’attache aussi à faire connaître des diplomates moins célèbres, et toute la gamme de leurs attitudes envers les Juifs, y compris l’autre face de la médaille : la responsabilité de diplomates dans la politique meurtrière du Reich. Des diplomates allemands – mais aussi de pays alliés au Reich – ont aidé à la Shoah, en négociant l’arrestation et la déportation de Juifs dans les pays occupés ou alliés du Reich. Ce sont des complices actifs du génocide. L’exposition conte aussi cette page noire.

Le monde diplomatique a-t-il évolué, et comment, après la Seconde Guerre mondiale ?

Dans l’ancienne Europe occupée, le personnel diplomatique est plus ou moins épuré et renouvelé selon les États, leur situation politique pendant le conflit et après la Libération. Aussi, après 1945, le monde diplomatique évolue lentement. Tout en se démocratisant, il demeure le domaine privilégié des hauts fonctionnaires qui, en France par exemple, sont formés de plus en plus à l’École nationale d’administration (ENA).

Et ceux-ci doivent toujours servir celles (rarement) et ceux qui détiennent le pouvoir.

Quant aux relations internationales à l’issue du conflit, elles sont tendues par la guerre froide. Mais le souvenir du nazisme et de ses dizaines de millions de victimes, dont six millions de Juifs, incite aussi les officiels et les opinions publiques à réclamer un plus grand engagement de leurs chancelleries dans les politiques en faveur des réfugiés et dans les questions des droits humains en général. En France, la création, en 2000, d’une ambassade thématique des droits de l’homme, également « chargée de la dimension internationale de la Shoah, des spoliations et du devoir de mémoire » en est un exemple. Les nombreux traumatismes provoqués par la guerre et la Shoah contribuent également à l’essor du multilatéralisme : élaboration de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide (1948), création d’organisations dans l’espoir d’éviter le retour des conflits et de leurs cortèges de désastres matériels et humains (ONU, BDC, etc.). Comme la défunte Société des nations, elles n’ont pas toujours eu le succès escompté, comme on le sait.

Pourquoi cette exposition est-elle importante en 2022 ?
Et que souhaitez-vous faire comprendre aux visiteurs ?

Tout en soulignant l’extrême difficulté pour les Juifs d’échapper aux arrestations et aux déportations, l’exposition pose le problème des responsabilités individuelles et collectives des diplomates dans la Shoah et, au-delà, de toutes les administrations face aux meurtres de masse. Des questions plus brûlantes aujourd’hui que jamais.

Elle est traversée aussi par cette question fondamentale, toujours ouverte, à propos de la Shoah en train d’avoir lieu : qui savait quoi ? Qu’ont donc su les diplomates et ont-ils informé leur gouvernement non seulement sur l’antisémitisme de l’Allemagne nazie, mais aussi, à partir de 1941, sur la Shoah par balles, puis les camps d’extermination ? Quel rôle ont-ils joué à cet égard comparativement aux messagers d’organisations internationales juives comme le Congrès juif mondial ? Quels furent les déterminants de l’action de quelques (trop rares) diplomates, à contre-courant de l’indifférence de leur État ?

 

Découvrez la vidéo

de Mathieu Persan 

illustrateur et créateur de l’affiche de l’exposition

« Les diplomates face à la Shoah ». 

Bibliographie

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JE DÉCOUVRE LA BIBLIOGRAPHIE

 

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